Benoît Jeannet
Escape From Paradise
In the middle of the 20th century, the first eyewitnesses of the flash caused by the atomic explosion described it as a terrifying photographic flash. In the course of the photographic act, the temporality of the exposure classifies it as an event, it is a temporal marker suggesting the existence of its before as well as its after. The photographic process is divided into different invisible steps. From the exposure flows the latent image, the photograph in the making, it is a piece of history under construction, real but invisible. If the material photograph has the status of evidence, the status of the latent image is of the order of the hypothesis. The event has taken place, its status is in the past. There are only an individual and abstract sensory archive of him. The photographic event is transformed into a floating space fertile to the construction of the imaginary. The 21st century is witnessing a dazzling acceleration of progress. Digital automation brings the photographic act closer to the phenomenon of vision. Speed jeopardizes the existence of the latent image and transforms the hypothesis into a representation of the reality suffered. Our perception of the world is affected by photographic acts as eyes melted out from the atomic flashes.Like a photograph, the flash of the atomic explosion freezes fragments of history within defined frames. The result is hybrid imagery that represents a manufactured worldview. Photographic documents and archives are synthetic fossils of a myth built on the basis of watered-down propaganda.Escape from Paradise is a research based project in which the Pacific is transposed into an iconographic observation laboratory. Each photographic event builds and merges its before and after, its context and consequences. The paradisiacal iconography of the geographical environment is confronted with the tragedies of radioactive fallout, cultural transfers are taking place under the influence of the American superpower, formal analogies are emerging between the representations of the explosion and the vegetation. The popular perception of the world is turning into a myth destabilized by the secular movements of progress.
Benoît Jeannet
Escape From Paradise
A la moitié du 20e siècle, les premiers témoins oculaires de l’éclair provoqué par l’explosion atomique le décrivent comme un terrifiant flash photographique.Dans le déroulement de l’acte photographique la temporalité de l’ exposition la classe au rang d’ événement, c’ est un marqueur temporel suggérant ainsi l’ existence de son avant ainsi que de son après. Le processus photographique est fractionné en différents étapes invisibles. De l’ exposition découle l’ image latente, la photographie en devenir, c’ est une pièce de l’histoire en construction, réelle mais invisible. Si la photographique matérielle porte le statut de preuve, celui de l’ image latente est de l’ ordre de l’ hypothèse. L’ événement a bien eu lieu, son statut est de l’ ordre du passé. Il n’ existe plus de lui qu’une archive sensorielle individuelle et abstraite. L’ événement photographique est transformé en espace flottant, fertile à la construction de l’ imaginaire. Le 21e siècle est témoin d’une accélération fulgurante du progrès. L’automatisation numérique rapproche l’acte photographique du phénomène de vision. La vitesse met en péril l’existence de l’image latente et transforme l’hypothèse en une représentation de la réalité subie. Notre perception du monde est affectée par les flashs photographiques comme si nous avions les yeux brulés par la violence des explosions atomiques.Comme une photographie le flash de l’explosion atomique fige des fragments d’ histoire à l’ intérieur de cadres délimités. Il en résulte une imagerie hybride représentative d’ une perception du monde fabriquée. Les documents et archives photographiques sont des fossiles synthétiques d’un mythe construit sur la base d’une propagande édulcorée. Escape from Paradise est un projet de recherche dans lequel le Pacifique se transpose en laboratoire d’observation iconographique. Chaque événement photographique construit et fusionne son avant et après, son contexte et ses conséquences. L’ iconographie paradisiaque de l’environnement géographique se retrouve confrontée aux drames des retombées radioactives, des transferts culturels s’ opèrent sous l’influence de la super puissance américaine, des analogies formelles naissent entre les représentations de l’ explosion et la végétation. La perception populaire du monde se mute en mythe déstabilisé par les mouvements séculaires du progrès.